Déficience motrice
Analyse réflexive sur le cours
Lors d’un stage réalisé à l’école Escalpade, j’ai été la stagiaire d’une classe de huit enfants polyhandicapés.
J’ai réalisé mon travail de fin d’études sur la problématique suivante : « Quel est l’intérêt d’un espace snoezelen dans un enseignement spécialisé de type 4 et comment l’intégrer dans un enseignement ordinaire ? ».
Les enfants différents m’ont toujours intéressé. Le fait d’avoir un cours sur la déficience motrice m’a permis d’en apprendre davantage sur l’infirmité motrice ainsi que comment construire des activités adaptées à leurs besoins.
Je vais vous expliquer ce que je retiens du cours donné par Monsieur Mbo Gonda.
Lors du cours, nous avons généralement parlé de l’infirmité motrice cérébrale (IMC). Il s’agit d’un trouble moteur non progressif secondaire dû à un défaut ou à une lésion du cerveau en maturation.
Ce trouble moteur qui est d’origine cérébrale touche 2 nouveau-nés sur 1000.
• Quels en sont les signes ?
Les premiers signes seront généralement observés par rapport à des difficultés rencontrées dans le développement de la motricité.
Exemples :
- La personne n’arrive pas à tenir sa tête droite, elle tombe.
- Elle n’arrive pas à ramper à l’aide de ses membres inférieurs.
Par contre, ils vont témoigner d’une intelligence normale.
• Les causes de l’IMC.
Les causes peuvent être survenues avant la naissance, pendant l’accouchement ou durant les premiers moments de la naissance ainsi que par la suite.
* Causes prénatales.
Accident vasculaire cérébral ou une malformation cérébrale (la maman peut être victime d’un accident vasculaire ce qui va endommager le développement de l’enfant).
Malformation cérébrale (hydrocéphalie).
La maman peut fumer du tabac ou consommer des produits toxiques.
* Causes néonatales.
- Prématuré (avant la 37e semaine)
– risque de lésions cérébrales par ischémie.
- Ictère nucléaire = erreur médicale lors de l’expulsion. Cela endommage le cerveau.
- Souffrance néonatale : lésion cérébrale créée par une diminution de l’apport d’oxygène/ un manque d’air dans le cerveau (35% des IMC).
C’est le geste médical qui entraine l’IMC.
* Causes postnatales.
- Infection,
- Méningite,
- Encéphalopathie (cerveau qui est affecté. Généralement chez les femmes qui ont le sida),
- Traumatismes survenus à la suite d’accidents de la voie publique,
- Syndrome Silverman : ce sont des victimes de sévices provoquant des lésions cérébrales (bébés secoués),
- Traitement d’une tumeur qui est mal soignée,
- Maladie métabolique (prise de médicaments de la maman).
• Les symptômes.
Ceux-ci dépendent de la nature de la déficience, de l’étendue et de la localisation des lésions au niveau du cerveau. Cela va déterminer les différents troubles.
Cela se réalise par une classification selon les anomalies du tonus musculaire.
Voici trois types d’hémiplégies :
- hémiplégie spastique : mouvements lents, crispés, rigides à cause d’une grande tension musculaire.
- hémiplégie athlétique : mouvements mal coordonnés, involontaires, provoqués par des variations brusques et imprévisibles de la tension musculaire.
La personne peut avoir une hypotonie et directement après avoir une hypertonie.
- hémiplégie ataxique : ils sont flasques. La main a tendance à se laisser aller. Les mouvements sont maladroits et manquent d’assurance. L’équilibre dans la marche est très précaire. La tension musculaire est très réduite ( hypotonie).
Il n’est pas exclu que l’on se retrouve dans deux cas.
On peut retrouver une situation ataxique avec une situation athlétique.
• Trois préfixes que l’on place sur le mot handicap
Plurihandicap : personne qui présente, du fait d’une étiologie commune, l’atteinte de plusieurs systèmes.
Par exemple : une personne paraplégique ayant une déficience visuelle du fait d’un traumatisme crânien.
Polyhandicap : personne souffrant de graves lésions cérébrales diffusées massivement. Ce sont des lésions qui vont provoquer des conséquences graves sur la vie de la personne avec une réduction, une absence totale de l’autonomie.
Multihandicap : personne présentant une association des symptômes, maladies ou handicaps sans lien les uns avec les autres.
Par exemple : un enfant atteint de diabète et d’une malformation provoquant une paralysie des muscles. Ces symptômes ont une répercussion sur la vie de l’enfant, mais n’ont aucun lien entre eux.
Ce qui les caractérise tous c’est leur presque totale dépendance dans les gestes du quotidien.
• Activités
Par la suite, Monsieur Mbo Gonda nous a demandé de créer trois activités pour des personnes atteintes d’IMC. Je les ai construites avec Véronique Eeckhout.
Les voici :
E.1. Activité créée pour une personne paraplégique :
E.1.1. Réalisation d’un circuit de psychomotricité.
Objectifs poursuivis :
° Réalisation d’une activité sportive qui permet de valoriser, coopérer, être reconnu en tant que personne, d’appartenir à un groupe.
° L’objectif est de faire gagner son équipe. Pour cela, il faut s’entraider.
° Permet de développer les membres supérieurs.
Déroulement : Course relais. Ils doivent chacun réaliser une activité et se faire une tape lorsqu’ils ont fini.
Mettre le ballon dans chaque cerceau.
Faire rouler le ballon sur une poutre.
Se déplacer en zig-zag entre des cônes et récupérer des balles.
Récupérer un ballon de la personne de l’étape précédente en l’attrapant et le placer dans le panier de basket.
E.2. Activités créées pour une personne hémiplégique
E.2.1. Reconnaitre et associer des paires semblables.
Objectifs poursuivis :
Reconnaitre et associer des paires semblables de sachets contenant des matières différentes.
Exemples du contenu des sachets : riz, couscous, pois, farine, petites billes, grains de sable, …
Déroulement : Les sachets sont placés devant l’enfant et il doit toucher, sentir afin d’associer les paires semblables.
Variante : Selon l’atteinte la sensation sera différente. L’adulte peut aider le patient. Lui demander de comparer deux sachets.
E.2.2. A la piscine - hydrothérapie
Objectifs poursuivis :
Travailler dans l’eau pour prendre conscience que le poids de la partie qui est paralysée n’est pas un poids. Qu’il peut se mouvoir.
Déroulement :
Laisser la personne en autonomie dans l’eau pour qu’elle prenne connaissance de ses sensations et de son corps ( de son schéma corporel). Qu’elle puisse ressentir l’apesanteur.
Le but de ces activités est de permettre aux personnes d’être autonomes.
Selon le docteur Andréas Petö, le corps est un tout. Il faut réaliser des activités qui vont solliciter les parties non utilisées au même titre que les parties utilisées.
• Termes spécifiques.
Lors du deuxième cours, nous avons abordé différents termes spécifiques à la déficience motrice que l’on retrouve dans un tableau clinique.
J’en avais déjà entendu parler, mais je ne savais pas réellement mettre de mots dessus. Ce cours fut très riche car je n’avais pas conscience de toutes ces lésions et de l’endroit qu’elles peuvent toucher. En tant que futur orthopédagogue, il est important d’en être informée.
Les voici :
- La paraplégie atteint les membres inférieurs. C’est quand la moelle est touchée par le bas. C’est assez rare dans le cadre de l’IMC et ça survient souvent lors d’un accident de la route.
- La triplégie touche tout le corps, mais avec une prédominance au niveau des membres inférieurs.
Par exemple : les deux membres inférieurs sont atteints ainsi qu’un membre supérieur.
- La quadriplégie ou tétraplégie touche tout le corps. Il s’agit d’un trouble massif qui peut être associé à une insuffisance posturale du contrôle du tronc ( le contrôle de la tête est souvent faible et il y a également une raideur des quatre membres).
Les signes qui peuvent être associés sont : convulsions, anomalies de langage ou de la parole, anomalie dans la coordination oculaire, etc …
- L’hémiplégie cérébrale infantile, la moitié du corps est atteint et peut atteindre la moitié du visage. On pourra remarquer que la marche sera acquise vers l’âge de 2 ans.
On va se rendre compte que cela se passe souvent aux membres supérieurs. On va se retrouver devant un enfant qui aura une attitude de flexion au niveau du coude et du poignet, une pronation de la main (plier la main) ce qui veut dire qu’il aura des difficultés à prendre les objets par la pince avec les doigts (pouce et index).
D’ autres signes pourront être observés tels que :
- la diminution du champ visuel du côté est atteinte, un strabisme, une astéréognosie qui va perturber le toucher et dû à cela, il y aura une non-reconnaissance des reliefs et des volumes.
- des troubles spécifiques du langage.
- des troubles visuospatiaux. (Souvent repérés vers l’âge de 5-6 mois).
- une asymétrie du tronc : il a tendance à amener son tronc du côté où la paralysie n’y est pas = Préhension unilatérale (utilisation d’un seul côté). Impossibilité d’utiliser les deux mains.
- La monoplégie où un seul membre du corps est atteint. Il s’agit généralement de la main, mais parfois ça peut être la jambe.
- L’athétose est un trouble du contrôle postural avec des mouvements involontaires lors de la posture et des mouvements dont l’amplitude sera faible. On va les constater au niveau des extrémités des membres (doigts et orteils en flexion ou difficulté à se mettre en extension).
On pourra également constater des troubles de la parole dus à une contraction des muscles phonatoires (muscles de la parole). Ainsi qu’une hypotonie permanente.
• Prise en charge
La prise en charge doit être précoce. Le dépistage d’un handicap moteur chez les enfants à risque se réalise lors de surveillances systématiques durant les premières années de vie.
Ce suivi régulier permet d’accompagner réellement l’enfant et sa famille en assurant dès le départ une guidance parentale.
L’idéal est que l’enfant soit bien portant.
Il faudrait un suivi pour que le parent prenne connaissance du handicap et puisse être rassuré que son enfant est différent, mais qu’il puisse encore réaliser plein de choses.
Ce suivi peut avoir lieu en milieu hospitalier ou encore dans des centres de guidance ( PMS). Cette prise en charge aura pour but de développer chez l’enfant son autonomie maximale (partir de ce que l’enfant est capable de réaliser) et va travailler tous les domaines qui ont fait l’objet des évaluations nécessaires.
En tant que futur orthopédagogue, il est important de savoir vers quelles personnes nous pouvons orienter les proches.
Voici une liste :
- la kinésithérapie,
- les orthophonistes,
- les psychomotriciens,
- l’éducation conductive ( selon Petö),
• Vidéos.
Enfin, lors des cours, nous avons visionné des vidéos afin de comprendre davantage ce que les personnes atteintes d’IMC peuvent vivre. J’ai été touchée de voir jusqu’où ces personnes peuvent aller, le courage qu’elles ont ainsi que l’entourage à leur côté.
• En tant que futur orthopédagogue, je serais amenée à :
- Réaliser un lien entre tous les intervenants (enfants, parents, enseignants, équipe pluridisciplinaire, …) qui travailleront auprès de la personne. Être attentif aux besoins de chacun.
- Observer la personne en ayant un regard attentif afin de démasquer des difficultés. Ensuite, mettre en place un dossier pour répondre à ses besoins.
- Réaliser un travail au niveau de l’autonomie de la personne en respectant son rythme, ses besoins et ses capacités.
- Être un maximum dans le positif et donc féliciter les moindres progrès.
- Réaliser un travail sur la personne concernant son estime de soi, sa confiance en soi, ses intérêts, ses projets, etc …
- Utiliser la grille de KATZ qui permet de donner des indications concernant la prise en charge à réaliser par rapport à l’autonomie physique de la personne.
- Respecter la personne et avancer étape par étape.
Bien entendu, cette liste n’est pas exhaustive. En tant qu’orthopédagogues, nous devrons nous former constamment et nous informer selon le profil de personne que nous aidons.
• Sources pour aller plus loin :
* Fiche sur l’infirmité motrice cérébrale :
https://www.gamp.be/shared/file/nosdocuments/fiche08-infirmitemotricecerebrale-accok.pdf
* Il serait intéressant de se former par rapport à la méthode « Petö » ainsi que la formation « BOBATH ».
- La méthode Petö va permettre d’acquérir une autonomie fonctionnelle. L’objectif est de permettre à la personne de se débrouiller dans un environnement ordinaire de manière autonome et sans aide extérieure. Cela aidera la personne lors de loisir et lui permettra d’entrer dans la vie quotidienne.
* Méthode Petö :
https://www.youtube.com/watch?v=p5h4y3GIiXw
http://www.asph.be/Documents/analyse-etudes-2013/2013-31-methode-peto-education-conductive.pdf
* Méthode Bobath :
https://www.youtube.com/watch?v=rm2uncCaTzI
* Site de l' ASPH :
L’ASPH est l' Association Socialiste de la Personne Handicapée.
Elle défend les personnes en situation de handicap et/ou atteintes de maladie grave et invalidante, quels que soient leur âge ou leur appartenance philosophique.
Véritable syndicat des personnes en situation de handicap depuis presque 100 ans, l’ASPH agit concrètement pour faire valoir les droits de ces personnes : lobby politique, lutte contre toutes formes de discriminations, campagnes de sensibilisations, services d’aide et d’accompagnement, etc.
Site : http://www.asph.be/NotreAssociation/Pages/AProposDeNous.aspx
* Asbl Tourgether :
Tourgether abs vous propose son parcours de sensibilisation autour du handicap moteur et visuel.
Site :http://www.tourgether.org
Sources :
Mbo Gonda, A. ( 2019 - 2020). Déficience motrice. Documents non publiés. He2b, Bruxelles.
Professeur : Monsieur Mbo Gonda.